J'ai
fait deux ans de classes préparatoires littéraires au Lycée La Bruyère,
à Versailles, au tout début des années 90. J'ai quitte le système
éducatif français à partir de la maîtrise, pour m'installer en
Angleterre, où je suis professeur de philosophie.
En ce sens, mon parcours s'inscrit en dehors des sentiers battus que le
système prépa trace pour ceux de ses élèves qui
choisissent la voie universitaire.
J'enseigne à l'université d'Oxford, un des temples ou sont éduqués la plupart des étudiants
les plus brillants du Royaume-Uni et d'ailleurs. A bien des égards, notre système favorise davantage la réflexion critique que
l'acquisition d'un énorme volume de connaissances. Mon expérience de prépa fut l'inverse – et je ne pense pas être la seule -
, ce que l'on peut fort bien reprocher à ce système. Et pourtant, je suis absolument convaincue que ces deux années sont le
fondement non pas tant de ma carrière universitaire que de ma trajectoire intellectuelle.
Ce
que je retiens de cette période,
avec bien sûr son lot de difficultés et de lassitude face à l'énorme
quantité de travail demandée, c'est la nécessité de toujours
faire preuve d'ouverture d'esprit, un énorme appétit pour la culture
générale, et une discipline de travail sans pareil, et le
dévouement de mes professeurs d'alors.
Je
trouverais profondément dommage que l'on abolisse ce système par esprit
égalitaire mal placé. Mal placé, parce que s'il est vrai que, dans
l'ensemble, les prépas sont plus faciles d'accès aux élèves
socialement privilégies, il n'en reste pas moins vrai qu'elles offrent a
ceux qui le sont moins une porte d'accès a un patrimoine
culturel qu'ils trouveraient difficilement ailleurs.
Cécile Fabre,
Prépa littéraire, Lycée La Bruyère, Versailles, 1989-90
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