dimanche 12 janvier 2014

Cécile




J'ai fait deux ans de classes préparatoires littéraires au Lycée La Bruyère, à Versailles, au tout début des années 90. J'ai quitte le système éducatif français à partir de la maîtrise, pour m'installer en Angleterre, où je suis professeur de philosophie. En ce sens, mon parcours s'inscrit en dehors des sentiers battus que le système prépa trace pour ceux de ses élèves qui choisissent la voie universitaire.
J'enseigne à l'université d'Oxford, un des temples ou sont éduqués la plupart des étudiants les plus brillants du Royaume-Uni et d'ailleurs. A bien des égards, notre système favorise davantage la réflexion critique que l'acquisition d'un énorme volume de connaissances. Mon expérience de prépa fut l'inverse – et je ne pense pas être la seule - , ce que l'on peut fort bien reprocher à ce système. Et pourtant, je suis absolument convaincue que ces deux années sont le fondement non pas tant de ma carrière universitaire que de ma trajectoire intellectuelle.
Ce que je retiens de cette période, avec bien sûr son lot de difficultés et de lassitude face à l'énorme quantité de travail demandée, c'est la nécessité de toujours faire preuve d'ouverture d'esprit, un énorme appétit pour la culture générale, et une discipline de travail sans pareil, et le dévouement de mes professeurs d'alors.
Je trouverais profondément dommage que l'on abolisse ce système par esprit égalitaire mal placé. Mal placé, parce que s'il est vrai que, dans l'ensemble, les prépas sont plus faciles d'accès aux élèves socialement privilégies, il n'en reste pas moins vrai qu'elles offrent a ceux qui le sont moins une porte d'accès a un patrimoine culturel qu'ils trouveraient difficilement ailleurs.
 Cécile Fabre, Prépa littéraire, Lycée La Bruyère, Versailles, 1989-90

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